Je leur ai laissé le cahier une fois
qu'ils ont fini de déjeuner (toujours assis) ou, sinon, avant qu'ils se rendent
au "salon", un espace plein de canapés où ils peuvent faire une
sieste, regarder des films à partir des DVD disponibles et/ou jouer à au
ping-pong. Les messages – jusqu’à présent – étaient écrits en arabe (puis
traduits oralement en français pour partager le message), anglais, espagnol,
portugais, allemand, italien. Certains messieurs n'étaient pas intéressés. Il y
avait une personne qui m’a dit qu’il ne savait pas écrire. Il y a quelqu'un qui
a fait une catharsis en écrivant qu'il avait tout perdu: son travail, sa place
(dans le monde), sa femme. Le message durait une dizaine de lignes et après
l'avoir lu, en sa présence, j'avais besoin de force pour pouvoir l'encourager.
Un autre a écrit sur nous, les volontaires, comme "les travailleurs
invisibles" et lorsqu'il m'a remis le cahier, il a répété la même idée:
une belle métaphore.
Quelques jours plus tard, alors que je faisais la queue au supermarché pour payer, j'ai rencontré un homme qui fréquentait habituellement la salle à manger. Il m'a dit qu'il avait trouvé un travail et qu'il n'avait plus besoin d'aller à la Croix Rouge car il loue déjà une chambre et a de quoi manger. Et il m'a encore remercié en insistant sur "ce que vous faites"... Cela m'a fait plaisir de savoir que son parcours là-bas était temporaire, qu'il pouvait avancer.
Corina MoscovichAcá puedes leer las entradas anteriores sobre el mismo tema.
http://corinamoscovich.blogspot.lu/2016/12/notas-grabadas-3-accion-de-invierno.html
http://corinamoscovich.blogspot.lu/2017/03/notas-grabadas-5-accion-de-invierno.html